
Parler devant un groupe de personnes. Rien que l’idée suffit, parfois, à serrer la gorge. On a beau connaître son sujet, répéter son texte, vérifier ses slides, mais quand vient le moment, tout bascule. Mains moites, voix instable, mémoire qui flanche… Même les profils les plus expérimentés peuvent perdre leurs moyens dans ce type de situation. On estime qu'environ 75 % de la population mondiale ressent la même chose.
Je le vois tous les jours, dans mon travail de formateur, d’intervenant, d’accompagnant. Des étudiants, des candidats à un nouvel emploi, des sportifs, des cadres supérieurs en pleine réunion… Tous ont quelque chose à dire, un message à transmettre, parfois même une mission à défendre. Le problème ne vient pas du contenu, ni du sujet. Il est dans la préparation mentale qui vient avant la prise de parole en public.
Pourquoi la préparation mentale est indispensable pour parler en public ?
Ce qui se passe lorsque la pression monte
Quand vous prenez la parole, votre corps ne parvient pas à faire la différence entre une conférence face à 300 personnes et une situation de danger. Résultats ? Il active exactement les mêmes mécanismes et vous vous sentez dépassé.
Ce stress vient même réveiller des peurs plus profondes. Peur du jugement, de l’échec, de mal faire ou de ne pas être à la hauteur... Ces pensées peuvent surgir même dans des situations a priori banales (une réunion, un oral, une présentation, une formation, etc.).
Quand le corps réagit… et que l’esprit décroche
Chez certaines personnes, le stress se manifeste plusieurs jours avant l’intervention. Chez d’autres, il explose en plein discours. Gorge serrée, souffle court, jambes molles, mémoire en vrac... Vous avez peut-être même déjà eu cette impression de “sortir de votre corps” ou d'avoir la langue liée.
Quand ces symptômes se manifestent, vous commencez à douter de votre contenu, à remettre en question votre objectif, votre légitimité, votre capacité à convaincre. Et cela, peu importe votre poste, votre secteur d'activité, votre niveau ou vos compétences professionnelles.
Parler, c’est aussi gérer ce qu’on ressent
Prendre la parole, ce n’est pas seulement informer votre auditoire. C’est réussir à créer une connexion, à maintenir un fil entre soi et les autres, à rompre la distance, malgré le stress, malgré les enjeux et malgré les imprévus.
Cela dit, un bon discours ne vaut rien sans une bonne préparation mentale. Celle-ci donne des outils concrets pour gagner en calme, en présence, en aisance, en attention et en confiance. Elle ne remplace pas le contenu, elle lui donne de la force.
Les étapes pour se préparer mentalement avant de prendre la parole

Clarifier son objectif pour mieux canaliser son énergie
La première chose à faire, ce n’est pas d’apprendre son texte par cœur. C’est de prendre le temps de savoir pourquoi on prend la parole. Quel est le message à faire passer ? Quelle émotion veut-on transmettre ? Quelle action souhaite-t-on déclencher chez l’auditoire ?
Un objectif clair sert de fil conducteur. C'est lui qui oriente le contenu, le ton, le débit, la gestuelle, le regard, l’intention, la démarche, les éléments de langage, la communication non verbale... Sans objectif, on avance à l'aveugle.
Installer une routine mentale avant l’intervention
Le cerveau aime les repères. Quand on répète les mêmes gestes, les mêmes pensées, dans le même ordre, il comprend que tout est sous contrôle. L'idée serait donc de créer un cadre rassurant qui prépare l’esprit à entrer dans l’action.
Concrètement, cela peut passer par :
- Une respiration lente pendant 1 minute,
- La visualisation du lieu ou de l’auditoire,
- Une phrase d’intention à se répéter,
- Un ancrage corporel (poser une main sur le ventre, redresser sa posture, etc.)
Ce n’est pas une superstition. C’est un moyen de dire au cerveau “je suis prêt”.
Visualiser le déroulé… et surtout la réussite
La visualisation est une technique extrêmement puissante. Elle consiste à imaginer, avec le plus de détails possible, le déroulé de l’intervention. Le lieu, l’ambiance, l'introduction, le regard des autres, et surtout, soi-même, calme, clair et présent.
Plus cette projection est précise, plus elle prépare le cerveau à vivre la situation. C’est comme une répétition mentale. Le cerveau encode les sensations positives, anticipe les moments phares et réduit l’effet de surprise.
Les meilleures techniques pour gérer le stress et gagner en impact
Respirer pour reprendre le contrôle
Le stress agit souvent en premier sur le souffle. Il devient court, saccadé, parfois bloqué. Et quand la respiration déraille, tout suit. La cohérence cardiaque est la meilleure solution. Inspirez pendant 5 secondes, expirez pendant 5 secondes et répétez pendant 1 à 2 minutes.
Juste avant de prendre la parole ou même pendant une pause, cet exercice permet de revenir dans son corps, de ralentir le mental et de poser sa voix.
Renforcer la confiance avec des ancrages positifs
Le mental est malléable. Il peut ruminer… ou soutenir. Les affirmations positives aident justement à le canaliser. Il faut qu'elles soient courtes, claires, formulées au présent : “Je suis prêt.” “Je suis aligné avec mon message.” “Je respire, je m’ancre, je transmets.”
Pour aller plus loin, on peut associer ces phrases à un geste d’ancrage (toucher un point précis, serrer doucement le poing, appuyer les pieds dans le sol…). Avec la répétition, ce geste devient un raccourci vers un état interne stable et rassurant.
Reprogrammer son discours intérieur
Avant de parler, la plupart des gens n’ont pas peur du texte… mais de ce qu’ils se racontent sur eux-mêmes. “Je vais perdre mes moyens”, “Je ne suis pas à la hauteur”, “Je vais me planter”. Ces pensées ne sont pas la réalité, mais elles influencent tout.
L’objectif ici n’est pas de les effacer, mais de les identifier, puis de les transformer. Exemple : “Et si je me trompe ?” peut devenir “Si je me trompe, je continue, ça ne remet rien en question et ça ne fait pas de moi un mauvais orateur.”
Le jour J : mobiliser ses ressources mentales

Faire le point 10 minutes avant de parler
C’est souvent dans les dernières minutes que le trac s’installe. Ce n’est pas le moment de relire ses notes pour la 12e fois. C’est le moment de se recentrer.
- Ai-je mon intention claire en tête ?
- Est-ce que je respire calmement ?
- Est-ce que je suis bien dans mon corps ?
- Est-ce que je suis ici, maintenant ?
Cet instant de recentrage permet d’arriver devant l’auditoire sans se disperser. C’est un sas de décompression.
Évacuer la pression avec un rituel express
Certains ferment les yeux un instant, d’autres se parlent intérieurement, ou marchent quelques pas en silence. Ce rituel express, chacun peut l'adapter à sa manière. L’essentiel, c’est qu’il soit simple, personnel… et qu’il serve à faire descendre la pression.
Un soupir lent, un geste d’ancrage, une image mentale rassurante... à ce moment précis, l’enjeu n’est pas de performer, mais de se connecter à soi-même, pour pouvoir ensuite se connecter aux autres.
Trouver son rythme et rester concentré
Dès que les premiers mots sont posés, un nouveau défi commence : celui de tenir la concentration. Ne pas s’éparpiller, ne pas s’accrocher à une phrase ratée ou à un regard inquiet dans la salle.
Ce qu’on appelle parfois “le flow”, cet état où les choses s’enchaînent naturellement, ne tombe pas du ciel. Il se construit en acceptant que tout ne soit pas parfait. En restant aligné avec son intention à chaque étape.
Après la prise de parole : continuer à progresser mentalement
Faire un débriefing
Une fois l’intervention terminée, on est souvent tenté de passer à autre chose. Ou de ressasser ce qui n’a pas marché. Mais le plus utile, c’est d’en faire un retour constructif.
Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Où ai-je été à l’aise ? À quel moment ai-je décroché ? Qu’est-ce que je referais différemment ? Ce débriefing n’est pas un jugement, mais une prise de recul. C'est ce qui permettra de se perfectionner petit à petit.
Noter ses impressions pour garder une trace
Les progrès mentaux sont souvent invisibles… sauf si on les écrit.
Tenir un journal de progression, même sommaire, peut tout changer. Quelques lignes après chaque intervention (sensations, points forts, ajustements à faire...). Ce réflexe aide à voir les évolutions, à poser des repères et à mieux se connaître.
Suivre son rituel même hors intervention
La progression mentale ne se joue pas uniquement sur scène. Elle se nourrit de régularité. Relire ses notes, refaire un exercice de visualisation, s’entraîner à poser sa voix, revoir une intervention enregistrée, tester un nouveau rituel.
Ce sont ces petites actions, cumulées, qui permettent d’installer une base mentale solide. Pas pour tout contrôler, mais pour être prêt, de mieux en mieux, chaque fois.
FAQ — préparation mentale et prise de parole
Le trac ne disparaît jamais complètement, et c’est tant mieux. C’est un signal naturel qui montre que l’on accorde de l’importance à ce que l’on va dire. L’objectif n’est donc pas de l’éliminer, mais de l’apprivoiser, en utilisant les techniques et les conseils que nous avons cités.
- La respiration contrôlée (type 4-6 ou 5-5).
- La visualisation.
- Les routines mentales (ancrage + phrase d’intention).
- La reformulation des pensées limitantes.
Ces techniques fonctionnent si elles sont personnalisées et répétées, comme un entraînement.
Elle est indispensable, mais rarement suffisante. La respiration agit comme un “frein d’urgence” face au stress aigu. Mais pour une vraie régulation émotionnelle, il faut l’associer à d’autres techniques comme la visualisation, le discours interne, la préparation du corps, etc.
Le coaching vocal travaille la voix, la diction, le placement du souffle… Il agit sur le “comment parler”. La préparation mentale, elle, agit sur le “comment vivre” la situation, gérer le stress, clarifier l’intention, installer des routines, renforcer la confiance. Les deux sont complémentaires.
Les “blancs” surviennent souvent quand le mental décroche sous stress. Pour les prévenir :
- Travailler une structure claire (3 à 4 idées max).
- Utiliser des repères visuels ou écrits (fils rouges).
- S’entraîner à parler sans lire mot à mot.
- Respirer pour réguler l’anxiété.
Et en cas de trou de mémoire, faites une pause, respirez et repartez. L’auditoire ne le remarquera même pas.
La préparation mentale doit tenir compte du style personnel de l’orateur (ex : plutôt formel, dynamique, humoristique). En adaptant les routines, les affirmations et les techniques de visualisation au style propre de chacun, on facilite l’appropriation et l’efficacité des outils, tout en renforçant l’authenticité et la connexion avec l’auditoire.
Parmi les erreurs fréquentes, on trouve : l’absence de répétition régulière des exercices, la tentative d’éliminer complètement le stress plutôt que de l’apprivoiser, le fait d’imposer une seule technique sans personnalisation, et l’oubli de préparer aussi bien le corps (posture, ancrage) que le mental.
Les ancrages corporels consistent à associer un geste physique (comme toucher le bas du ventre ou serrer doucement le poing) à une émotion ou un état mental positif. Répété plusieurs fois, ce geste devient un raccourci pour retrouver rapidement calme et assurance lors de situations stressantes.
Le stress peut entraîner une voix tremblante, une respiration courte et saccadée, ou un blocage vocal. La préparation mentale, notamment la cohérence cardiaque et les exercices de respiration, aide à réguler le souffle, détendre les muscles vocaux et ainsi stabiliser le ton et la clarté de la voix.
Le débriefing post-intervention permet d’identifier objectivement les facteurs de réussite et les points à améliorer, sans jugement. En notant ses impressions et en analysant son vécu, on affine sa préparation mentale, apprend à gérer son stress efficacement et progresse dans la maîtrise de ses interventions.
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Prise de parole en public : techniques de préparation mentale